Bruxelles, 3 ottobre 2012

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Une Europe fédérale ou le chaos? « Oui, et il y a urgence à modifier les traités » -- « Non, il n’y a pas de voies uniques dans l’Histoire » […] La législature a presque fini son travail, et il y a urgence. Pier Virgilio Dastoli Président du Mouvement européen-Italie, […]


LABAKI,MAROUN; BOURTON,WILLIAM


D: Est-ce l’Europe fédérale ou le chaos ?
Oui, mais ne soyons pas dans l’idéologie. Prenons plutôt acte du fait qu’il y a des domaines, des « biens communs », que l’on ne peut garantir qu’au niveau européen. Si on refuse cette idée, ce niveau européen, ce sera le chaos – et la fin du projet européen. C’est un problème de souveraineté. Mais le mot « fédéral » est un mot ambigu, qui peut tout cacher et que les gens comprennent peu.

D: On entend dire que le discours de Cohn-Bendit et Verhofstadt est irréaliste…
C’est irréaliste si on se limite à dire qu’il faut une Europe fédérale. Mais c’est réaliste si on explique aux gens que les Etats-nations, chacun de son côté, ne sont pas en mesure de garantir les « biens communs » dans certains domaines. Au Mouvement européen, nous avons identifié six domaines, à présent du ressort des Etats membres et de l’intergouvernemental, qui exigent une action commune européenne : la sécurité énergétique, l’immigration, la politique industrielle, la dimension sociale, la politique étrangère et de sécurité commune et les questions économiques. Mais évidemment cette action ne doit pas se faire avec les méthodes d’une simple coopération entre gouvernements nationaux. Là doit résider la dimension fédérale.

D: Quels dirigeants Cohn-Bendit et Verhofstadt peuvent-ils rallier à leurs thèses ?
Il faut demander à Mme Merkel de s’asseoir autour de la table pour discuter, et lui dire que nous la prenons au mot quand elle demande une Union politique. Quels domaines seront de la compétence de l’Union ? Quel gouvernement européen sera mis en place ? Comment y arriver : via le Parlement européen ou via une assemblée constituante à élire le plus vite possible ? La crise est telle que nous ne pouvons pas attendre les élections britanniques de mai 2015 pour lancer la procédure de modification des traités ! Il faut le faire en 2013 ! Dans le livre, il y a une contradiction à cet égard, parce qu’ils disent qu’il y a urgence et, en même temps, dans la seconde partie, Cohn-Bendit dit que 2015 ou 2016, c’est trop tôt. Mais l’urgence, c’est demain, pas après-demain !


D: Mais comment en 2013 ?
Il faut insister pour que le Conseil européen de décembre ouvre la porte au saut vers l’Europe fédérale. Le Parlement européen doit insister. Ce n’est pas ce qu’il a fait dans sa récente « note de réflexion » remise à Van Rompuy, et écrite par… Cohn-Bendit, Verhofstadt et deux autres députés européens ! Dans ce texte, ils disent qu’il ne faut envisager la réforme des traités qu’à long terme ! On ne peut pas écrire ça d’un côté et demander le fédéralisme de l’autre ! On ne peut pas être des révolutionnaires à l’extérieur du Parlement et des « bourgeois » en son sein. Il faut être cohérent. Spinelli était révolutionnaire à l’extérieur et à l’intérieur…
Le Parlement devrait prendre ses responsabilités et mettre sur la table très vite, dans quelques mois, un projet de réforme fédérale de l’Union. Ce n’est pas permis par les traités, mais je pense qu’il faudrait même lancer une provocation : l’idée d’anticiper d’un an les élections du Parlement européen. Et le scrutin de 2013 élirait une assemblée constituante. On anticiperait aussi, bien sûr, le terme de cette Commission européenne. La législature a presque fini son travail, et il y a urgence.


INTERVISTA.....